Le fils du vent, la régression

La nuit vivait ses dernières heures.
L'astre solaire reprenait ses droits peu à peu sur cette terre que se disputaient les Dieux.
Azhachin venait de gravir la plus haute tour de la cité.
Il se laissait grisé par les conversations multiples du vent.
Il s'imprégnait des senteurs que le zéphyr emportait au loin.
Il sentait le pouls de la terre.
La cité avait poussé sur un noeud tellurique et les forces de Gaïa étaient puissantes ici.
Fils du vent, il suivait les lignes de puissance de la Mère. Il cherchait ...

Il voyait les courants de convection depuis tout jeune. Personne ne comprenait dans son village.
Exclu peu à peu il avait très vite compris qu'il était seul.
Seul? Non en fait pas vraiment. Il y avait cette certitude de quelque chose de plus grand, d'infiniment plus grand que tout ce qui pouvait avoir été érigé par les hommes, les elfes et même les nains.

Il était partit un soir le sac à l'épaule sans un regard sur son court passé parmi cette communauté elfique.
Il avait erré sur les chemins malmené par le froid et la pluie, les mauvaises rencontres et la nature humaine.
Il cherchait sans comprendre, dévorait son énergie en de futiles tentatives d'approcher cette inconnue.
Peu à peu, il s'était détaché du monde réel. Il s'enfonçait inexorablement oubliant progressivement ce qui faisait de lui une personne en ce bas monde.
La forêt était un manteau, il avait bataillé dur pour faire fuir un couple de renard et s'installer dans une grande tanière qui se trouvait à la croisé de flux bienfaisants.

Il était redevenu une bête, une bête elfique mais une bête quand même.

La forêt était devenue un maître exigeant qui ne pardonnait pas la fatigue, l'indolence ou la couardise. Encore jeune, son corps était de bois vert, il durcissait à mesure des épreuves.
Puis vint la noiraude. Cette ourse avait décidé que la tanière qu'il occupait lui conviendrait très bien. Obnubilé par ce lien, il avait cru pouvoir défendre son territoire.
Mais que pèse un gamin dévêtu armé d'un court poignard face à une telle furie?
La chance était de son côté ce jour-là...ou quelque chose d'autre... L'ourse après l'avoir projeté plusieurs fois au sol ou contre les arbres, après l'avoir marqué dans sa chair du sceau des abrutis l'avait laissé pour mort, arrêtée dans son geste par un souffle de vent.

Après des heures d'absence perdu dans une bienheureuse inconscience, il avait émergé. Il n'avait pas des plaies, il ETAIT une grande plaie. Il pouvait compter les coups de pattes qu'il avait reçu en comptant les quatre stries parallèles qui le couturaient sur l'ensemble du corps. Certaines plus profondes que d'autres lui indiquaient clairement qu'il n'irait plus très loin désormais.

Sa vie s'était échappé de lui comme l'eau d'une outre transperçait de part en part.
Il gisait le dos contre un chêne à une vingtaine de mètre de ce qui avait été auparavant son donjon.

La nuit était tombé. Elle avait repris ses droit sur un soleil fatigué. Le froid également était revenu, l'engourdissant lentement.

Peut-être était-là la solution pour rejoindre ce qu'il cherchait depuis si longtemps?

Ses yeux se fermaient. Ses sens lâchés les uns après les autres. Il ne ressentait plus rien, n'arrivait plus à bouger. Les effluves de l'ourse au chaud ne lui parvenait plus de même que les senteurs de la forêt qui s'endormait. Il ne percevait quasiment plus son souffle et les fils invisibles pour les autres qu'il avait constamment suivis s'effilochaient maintenant.
Une ombre devant lui...
C'était donc vrai, la Mort est personnifiée. Elle attend le bon moment pour se montrer.
Un visage?...Une capuche? Une deuxième forme proche de la première? Un loup?

Qu'importe. Il est las. Las de cette vie sans racines, sans envie... sans avenir. Il sombre.

« Accroche-toi gamin »
« Tu vois Sasha ce qui arrive quand on se fait machouiller par une ourse? »
« Qu'en pense-tu? En vaut-il le coup? »

---

Très jolie début, à quand la suite?

encore encore